RENCONTRE - Lilia Benchabane, méchante, mais bienveillante“ Venez rire de moi, avec moi.”
Actuellement en tournée pour la première fois dans toute la France pour son spectacle “Handicapée méchante”, Lilia Benchabane se produit demain au théâtre de la cité, à Nice. Nous l’avons rencontré avant sa représentation pour une interview.
Elle a commencé l’humour un peu par hasard, en parallèle de ses études d’économie. Bien qu’originaire de Lille, c’est à Paris qu’elle joue son spectacle toutes les semaines depuis environ un an. Elle séduit par son humour “touchy” et sa maîtrise de l’autodérision. Très active sur les réseaux sociaux, auteure d’un livre intitulé “Ma vie est un blind test” dont la sortie est prévue pour avril 2024, chroniqueuse occasionnelle sur France Inter… Lilia Benchabane a plus d’une corde à son arc, aujourd’hui elle nous parle spectacle et handicap.
Bonjour Lilia, c’est votre toute première tournée. Qu’est-ce que ça fait de sortir de vos villes cocon, à savoir Paris et Lille, pour conquérir un nouveau public ?
Je ressens la différence, car dans les autres villes, je n’ai pas les codes ni les références. Mais ce qui est sympa avec la tournée, c’est que j’ai plus de temps après le spectacle pour échanger avec mon public. À Paris, il y a souvent des spectacles avant et après moi, donc tu passes, mais tu n’as le temps pour rien d’autre derrière. J’ai vraiment hâte de voir mon public Niçois, car je connais très bien Nice. Je suis née à Fréjus. Avec St Raphaël, elles font partie des villes dans lesquelles j’ai passé toutes mes vacances.
Si vous deviez me résumer votre spectacle en trois mots pour donner aux gens l’envie de
venir vous voir, lesquels seraient-ils ?
Je dirais autodérision, vision et rire. L’humour est important, car c’est un moyen de parler de choses graves tout en dédramatisant la situation. On parle peu des sujets tels que la maladie, le handicap ou encore les complexes, car on a peur de poser des mots sur des faits. Mais si c’est bien amené, je crois qu’on a le droit d’en rire.
On peut donc rire de tout le monde, quelles que soient les différences de chacun ?
Il y a des limites. Par exemple, si moi quelqu’un que je ne connais pas vient me voir et se
permet des blagues, il peut. Je ne vais pas mal le prendre, car d’une certaine façon, je l’ai
autorisé en faisant un spectacle. Après, il ne me viendrait pas à l’esprit d’aller rire d’un
handicapé que je ne connais pas sous prétexte que j’ai la carte de “j’suis handicapée et je fais rire les gens donc je peux te vanner”. C’est quelque chose qui se demande, une autorisation que l’on t’accorde ou non. Parfois, les gens ne savent pas faire la différence entre “moqueries” et “rire avec bienveillance”. Handicapée méchante peut-être, mais vous restez bienveillante.
Est-ce qu’il y a une volonté derrière vos sketchs de partager un message d’acceptation de soi ?
L’objectif de mon spectacle n’est pas de sensibiliser, le message réside surtout dans la formule “venez rire de moi, avec moi”. Après si les gens qui viennent à mon spectacle se sentent un peu sensibilisés ou se posent des questions, ça reste un énorme plus. Et comment arrive-t-on à rire de soi, mais surtout accepter de faire rire de soi ? Est-ce une évidence ou, au contraire, le fruit d’un long processus ? Un long processus. Au départ, je n’acceptais vraiment pas du tout mon handicap. J’ai pris conscience au fil du temps que cela faisait de moi une personne agressive et tout le temps en colère. De ce fait, je n’étais pas entourée. Quand j’ai ri de moi pour la première fois au lycée, avec beaucoup plus de maturité, c’est là que je me suis rendue compte que je pouvais être cool, alors j’ai continué les blagues. Pour avoir des amis, il faut juste être cool et accepter ses différences.
Il y a plusieurs mois, lors d’une interview, vous aviez dit, je cite “J’aime bien le flow, la simplicité. Je fais ce que j’ai à faire et je vois que ce qu’on me propose.” Alors, qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter aujourd’hui ?
Jouer le spectacle dans le plus de salle possible pour le faire découvrir à davantage de
personnes. C’est mon objectif principal. D’ailleurs petit message à mon futur public de Nice : le public de Marseille était très chaud, donc j’espère que vous serez à la hauteur !!
Léa Gandon
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